David Le Bailly
Dans la famille Rimbaud, je voudrais le frère. Le frère, mais quel frère ? Scrupuleusement rayé des correspondances, effacé des photos, décrié, humilié, abandonné par les siens, Frédéric, frère aîné d’Arthur, a pourtant bel et bien existé. Il était conducteur de calèche dans les Ardennes. Plus d’un siècle plus tard, si peu connaissent encore son existence. Et pour cause. La famille Rimbaud a tout fait pour faire disparaître ce membre trop ordinaire et gênant.
« L’autre Rimbaud » raconte l’histoire de destins opposés, le voyant a été mythifié, l’invisible sacrifié. Pourtant, jusqu’à l’âge de 15 ans, ces deux-là étaient inséparables. Frédéric aurait eu tant à dire sur Arthur… Mais pas forcément ce que la légende racontait.
Fruit d’une enquête minutieuse et fouillée, l’histoire de ce frère honni est narrée par le journaliste, grand reporter à l’Obs, à la manière d’un fait-divers, sans poésie mais pas sans romanesque.
David Le Bailly a imaginé Frédéric, il lui a donné chair et s’est visiblement pris d’affection pour ce « raté ». Et, par le détour de l’identification, le mystère de la sublimation que rend possible la fiction, il a redonné voix et vie à Frédéric Rimbaud.
L’autre Rimbaud, David Le Bailly, L’Iconoclaste, août 2020, 304 pages, 19 euros.