Du livre d’enfant au ciné des grands

Du livre au ciné, il n’y a qu’un pas. Pour les grands et les petits aussi parfois. La preuve avec cet atelier innovant et expérimental mené avec des écoliers de Lucie Aubrac à Brive. Ils ont travaillé autour de l’album jeunesse Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun (éditions Cambourakis) et imaginé son adaptation en court métrage d’animation. Les enfants présenteront comme les grands devant des professionnels du cinéma leur dossier de production lors des ateliers pitch organisés dans le cadre du Festival du cinéma de Brive du 3 au 8 avril.

« C’est dans le cadre d’un appel à projet du Centre national du cinéma et de l’image animée axé sur la sensibilisation à l’écrit scénaristique dès le plus jeune âge que ce travail s’inscrit », explique Valérie Mocydlarz, responsable des Yeux verts Pôle d’éducation aux images en Nouvelle Aquitaine. Il a permis à 25 écoliers de 9 à 11 ans scolarisés dans un quartier prioritaire de la politique de la ville de plonger dans le monde du cinéma et d’imaginer l’adaptation en court métrage d’animation d’un album jeunesse avec la réalisatrice Lou-Anna Reix venue en résidence d’adaptation « Livre au ciné » l’an dernier.

commeunmilliondepapillonsnoirs-COUV« On a travaillé autour de l’album jeunesse Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun qui traite, entre autres thèmes, du racisme. « Les enfants ont pu s’identifier au personnage et au thème abordé dans un effet miroir et ils ont été très réceptifs, curieux. » Le projet était centré non pas sur l’écriture d’un scénario mais sur la réalisation d’un dossier de production que constituent les cinéastes pour convaincre les producteurs.

« Grâce à ce dossier, ils ont pu travailler sur différents médias et exprimer leurs créativités et leurs talents de l’écriture du synopsis à la réalisation d’un film en stop motion en passant par des prises de vues », liste Lou-Anna Reix. Un vrai désir pour ce projet est né et « un lien de confiance s’est créé entre la cinéaste, les jeunes et l’enseignant, fruit d’un travail au long cours décliné sur plusieurs interventions s’étendant sur plusieurs jours à chaque fois », complète Valérie Mocydlarz.

« Ils ont donné beaucoup d’eux-mêmes », explique la cinéaste. C’était l’occasion de les ouvrir au monde du cinéma au-delà du simple visionnage de films et de leur faire toucher du doigt tout le processus de création tout en aiguisant leur esprit critique. « Lors de la dernière séance, j’ai constaté qu’ils avaient déjà un regard plus pertinent face aux films que je leur présentais, ils faisaient la différence entre le thème et le sujet, connaissaient les termes techniques, percevaient mieux l’enjeu et la trajectoire du personnage… »

« Dans ce type de projet, le travail de restitution est très important pour valoriser l’investissement des jeunes », termine Valérie Mocydlarz « et comme j’avais rencontré Lou-Anna Reix lors de la précédente édition du Festival du cinéma de Brive, pour boucler la boucle, on a proposé le projet à la secrétaire générale Maguy Cisterne. »
Bilan des courses, les enfants vont pouvoir présenter comme les grands leur adaptation devant des producteurs et du public le vendredi 7 avril au cinéma Rex dans le cadre de l’atelier pitch organisé depuis plusieurs années par le Festival qui soutient la création. Au-delà du jeu et de l’enjeu, « c’est aussi une manière de dire aux enfants que le cinéma est un vrai métier et qu’il est possible pour eux aussi de faire partie de ce monde-là », termine la cinéaste.

(Crédit photo : DR)