Matthias Simonet, du livre au ciné

Sélectionné pour la deuxième session de la résidence Livre au ciné portée par le Festival du cinéma de Brive et à laquelle la Foire du livre de Brive est associée, le jeune réalisateur Matthias Simonet travaille actuellement à l’adaptation de Perceval de Chrétien de Troyes. Et hasard de la vie, il a récemment posé ses valises à Brive. Rencontre.

Il a eu connaissance de la résidence d’adaptation Du livre au ciné avant même de décider de quitter Angoulême pour Brive. « Avec ma compagne, on travaillait sur un documentaire centré sur la valeur travail et on était un peu au point mort. Nous nous sommes dit que bouger pourrait contribuer à décanter les choses. » Dans cette même période, en fin d’été 2022, il tombe par hasard sur l’ouverture des candidatures pour la deuxième résidence d’adaptation relayée par le site du Rex. A sa connaissance, elles sont assez rares et il travaillait justement sur l’adaptation d’une œuvre littéraire. Décidément, ce sera bien Brive. Il apprend quelques semaines plus tard sa sélection. Quand les planètes s’alignent de la sorte…

002115558Son sujet de travail, c’est Perceval. « J’avais découvert plus tôt l’œuvre de Chrétien de Troyes et sans l’avoir relue récemment, Perceval était un personnage qui me plaisait beaucoup intuitivement. J’avais envie de le faire resurgir. C’est un chevalier qui vient du monde paysan et n’a pas les codes de la chevalerie mais il veut intégrer cette classe. Naturellement très doué pour les armes, c’est aussi le plus fort des chevaliers physiquement et il va incarner la quête du Graal. Mais il est aussi assez naïf et ce Graal va lui passer sous le nez », résume le réalisateur.

30 ans plus tard, il ressasse encore et encore cet échec et va rejouer indéfiniment son histoire. C’est en tout cas ce que le réalisateur imagine. « C’est aujourd’hui un vieil homme errant rongé par la culpabilité. Dans ce monde en désolation, il n’a pas su saisir cette possibilité de changement. Tout se meurt autour de lui. C’est presque un discours écolo avant l’heure », estime Matthias Simonet. « Et c’est l’un des rares personnages de l’époque, le XIIe siècle, à être décrit comme dépressif. »

Tendue entre le réalisme brut et l’onirisme, l’adaptation prend corps dans l’esprit du réalisateur. Mais le passage à l’écriture s’avère plus ardu pour celui qui se sent de son propre aveu plus à l’aise avec la réalisation. « Ce sont deux métiers très différents. » Faire de nouvelles erreurs, passe encore pour celui qui s’est déjà frotté à l’adaptation dans un court-métrage mais répéter les mêmes, hors de question.

Ce sont ainsi des méthodes, des ficelles que Matthias Simonet est venu chercher à Brive. Et qu’il a trouvées. « Je suis arrivé avec une page blanche, j’étais preneur de tout ! » Accueillis aux Collines de Sainte-Féréole, les cinq résidents profitent de deux semaines de travail encadrées par deux scénaristes et réparties sur l’année en novembre autour de la Foire du livre et en avril lors du festival du cinéma.

« Nous avons chacun nos espaces propres pour travailler et des lieux de vie commune nous permettent d’échanger entre nous. Le cadre de vie est très sympa et l’organisation des journées bien équilibrée entre temps en autonomie et travail en commun. La scénariste s’adapte à nos besoins, nos questions et l’avancée de nos projets. Tout se fait naturellement et de manière très fluide. »

La semaine a porté ses fruits. Matthias Simonet a quitté les lieux avec un premier jet d’écriture. Mais il sait déjà que la deuxième session de travail va faire naître de nouvelles interrogations et peut-être même rebattre les cartes de ce premier jet. C’est le jeu ! Réponse début avril…