Jean-Paul Malaval à Brive

Dans son dernier roman L’Héritière des sables fauves paru aux éditions Calmann-Lévy en octobre, Jean-Paul Malaval retrace l’ascension d’une femme au sein d’une des plus vieilles maisons d’armagnac.

Comment l’armagnac s’est imposé comme sujet de votre dernier roman ?

– C’est un sujet qui m’intéresse. J’avais écrit un livre il y a quelques années sur le cognac. Celui-ci se déroule dans l’armagnac. Je voulais renouveler le regard passéiste que l’on peut porter sur ce monde, celui de distillation dans un univers que l’on imagine feutré, au fond des caves…

Ce renouvellement est porté par une femme dans votre roman…

– Le maitre de de cette maison est rentré dans un âge avancé et il cherche quelqu’un pour prendre sa suite. Son fils en est peu capable, contrairement à sa fille Raphaëlle mais il s’est fâché avec elle. Elle a quitté le Gers pour installer à Bordeaux un cabinet d’expertise d’art. C’est son départ qui constitue la trame du roman.

Est-ce un portrait de femme que vous auriez pu faire il y a 10 ou 20 ans ?

– Il est certain qu’un romancier n’est pas étranger au monde et qu’il est imprégné des évolutions sociales et il se trouve qu’aujourd’hui on trouve de plus en plus de femmes vigneronnes et qui s’installent.

Pourtant, ça ne semblait pas gagné d’avance pour Raphaëlle…

– Dès son arrivée, elle est écartée, regardée d’un mauvais œil. On la croit incapable de comprendre quoi que ce soit à cet univers. Le livre raconte sa conquête, les méthodes nouvelles qu’elle va apporter dans l’entreprise endettée notamment grâce à son réseau dans la City. Il raconte aussi les liens retissés avec son père.

Derrière le monde de l’armagnac, c’est en effet toute l’histoire d’une famille que vous scrutez…

– Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont le temps façonne les individus. Les êtres ne sont pas maitres de leur destin, ils subissent les affres de l’histoire. Je le décrivais déjà dans mon premier roman où je raconte l’histoire de ma famille et de son exode en 1940 depuis l’Alsace Lorraine vers la Corrèze où mes parents se sont rencontrés.

Y’a t-il un parallèle à trouver entre le procédé de fabrication de l’armagnac et l’écriture ?

– Dans les deux cas, il y a l’idée de maturation, oui. Il est question de subtil dosage et les deux sont censés se bonifier avec le temps… mais ce n’est pas toujours le cas ! En outre, pour l’alcool comme l’écriture, on ne peut pas se rendre tout à fait maitre de cette alchimie.

Sur quoi repose cette alchimie selon vous ?

– Je ne me situe pas dans le registre de l’intimisme, j’aime embarquer les lecteurs dans un univers qu’il ne connait pas et pour cela, je pars de la fiction et je l’habille dans l’univers réel. Dans mon écriture, un jeu subtil se joue entre l’invention et le réel.

Crédit photo : Philippe Matsas

Synopsis :

L'héritière des sables fauvesDans son précédent roman, La vallée des eaux amères, deux hommes se déchiraient par amour pour une femme et une terre. Dans L’héritière des sables fauves paru en octobre, une femme s’impose à la tête d’une des plus vieilles maisons d’armagnac. Une femme que rien ne prédestinait à découvrir l’art subtil de l’assemblage. Parce que c’est une femme d’abord, jeune qui plus est, et bien loin de l’univers de l’eau de vie de vin.

Mais aussi parce que c’est l’une des filles de Lissandre Seyverac qui, à 71 ans, doit bien se rendre à l’évidence et passer la main. Labarrère, c’est toute sa vie : hors de question de céder le domaine à un étranger. Mais vers qui se tourner ? Son fils, Thibault, qui a pourtant passé sa vie dans les vignes, est de l’avis de tous un incapable et sa fille, Raphaëlle, a rompu avec les siens pour créer un cabinet d’expertise d’oeuvres d’art à Bordeaux. Et son temps est compté : les vautours planent au-dessus de Labarrère…

Seule Raphaëlle serait en mesure de prendre sa suite, Lissandre en est persuadé, mais il est responsable de la désaffection de sa fille. Brillante, orgueilleuse, autoritaire aussi, Raphaëlle ressemble à son père et ne lui a jamais pardonné ses frasques sentimentales. Il faut dire que la famille Seyverac garde de nombreux secrets.
Lissandre ravale son amour-propre et frappe à la porte de sa fille. Mais, à supposer qu’elle daigne l’écouter, comment une jeune femme, qui ne connaît rien à l’art subtil de l’assemblage, pourrait-elle s’imposer dans le monde impitoyable des grandes maisons d’armagnac ?