La poésie, c’est permis!

Vous pensez que la poésie n’est pas faite pour vous ? Éléments de réponses en quelques idées reçues balayées du revers de la main par Christophe Ségas, écrivain et enseignant habitué à animer des ateliers poétiques auprès de ses élèves comme du grand public.

Tout le monde ne peut pas écrire de la poésie !
Faux ! « C’est possible même si on pense qu’on ne sait pas écrire et quel que soit son rapport à la langue, qu’il soit de l’ordre du plaisir, conflictuel ou même utilitaire. C’est une question de jeu avec les mots, parfois même inconscient. Détourner l’usage habituel des mots, ici commence la poésie, en tout cas une certaine forme de poésie. »

Il faut tout de même des prédispositions particulières !
Vrai ! « Et c’est une prédisposition que tout le monde a, à commencer par les enfants! La faculté de rêver. Le plus difficile pour les adultes, c’est de savoir s’écouter rêver sans se dire que ça n’a pas d’intérêt. »

Comment ça marche ?
« En 3 minutes, je propose de composer de la poésie et non d’en écrire. J’ai recopié et découpé en bandelettes deux cents vers puisés dans les poèmes de quatre poètes que j’aime lire : Philippe Jaccottet, Frédéric Jacques Temple, Marie Huot et Clara Janés. Je propose de tirer au sort dans un chapeau ces bandelettes. Ne reste plus qu’à les associer dans l’ordre de son choix. Cela fait déjà des choses intéressantes ! On peut à partir de là enlever ou ajouter des mots. Là commence la création qui relève un peu du cadavre exquis.
En 15 minutes, on tire une liste de mots ou d’expressions extraits d’un poème et on compose un texte à la première personne. Je laisse un temps d’écriture de 10 minutes durant lequel j’invite le participant à ne surtout pas trop réfléchir ! Puis on fait plusieurs manipulations sur le texte pour obtenir un poème et surtout on enlève, on enlève, on enlève ! Jusqu’à ne conserver qu’une structure minimale même si cela ne veut rien dire et on revient à la ligne quand on distingue un groupe de sens ou de rythme. C’est le vers !
En une heure, c’est la même chose  mais le temps d’écriture est plus long, les tailles plus grandes et sur des critères plus précis. »

Lors de la première session, qui est venu écrire de la poésie ?
« Des personnes venues acheter des livres qui ont choisi l’écriture en 3 minutes. Certaines se sont prises au jeu ! Elles n’avaient pas le temps mais sont quand même restées pour tester l’écriture en 15 minutes ! Puis il y a ces participants qui sont venus exprès et qui ont consacré une heure à l’écriture et même plus. Ils étaient très appliqués, sans doute même trop !

Écrire de la poésie en 3 minutes, ça ne rime à rien !
Faux ! « Cet atelier est déjà pour moi l’occasion de faire découvrir des poètes que j’aime lire mais aussi de mettre en lumière le côté démocratique de la poésie. On se fait toute une idée de la poésie et dès que l’on parle d’en écrire, certains ont des palpitations ! Alors que parfois, en changeant le point de vue et en l’abordant différemment, on s’aperçoit que c’est possible et plaisant. Les enfants le savent très bien. Eux se censurent beaucoup moins que les adultes et cela donne des choses merveilleuses ! »

Ateliers poétiques animés par Christophe Ségas, mercredi 22 mars de 14h30 à 17h à la Baignoire d’Archimède.
Dans le cadre du Printemps des poètes. Réservation conseillée. 05.55.23.93.67