Hommage à Michel Peyramaure

C’est une figure briviste qui vient de nous quitter. Le maître du roman historique Michel Peyramaure s’est éteint samedi 11 mars à l’âge de 101 ans à Brive, sa ville natale qui lui était si chère.

« Illustre parmi les vivants, Michel Peyramaure sera désormais, dans l’éternité, l’icône des lettres brivistes« , a salué le maire de Brive Frédéric Soulier. « Conteur prolixe (plus d’une centaine d’ouvrages et autant d’aller-retour dans le temps), il a offert à la littérature de notre pays une somme exceptionnelle, récompensée de plusieurs prix prestigieux. Briviste de coeur et d’âme, il fut l’un des piliers de son École littéraire et de sa Foire dont il contribua à fonder la réputation nationale. Comme une prémonition, son dernier ouvrage s’intitulait Inventaire avant fermeture: vivre en province. Délaissant le champ du roman historique, Michel revenait sur ses souvenirs d’enfance passée à Brive, l’odeur d’encre de l’imprimerie familiale, les premiers poèmes et l’avant-goût des lettres, l’évanescence des souvenirs, à l’image de ces haïkus, courts poèmes japonais auxquels il consacra l’un de ses derniers ouvrages. C’est cette jeunesse briviste que nous avons célébrée en sa présence le 1er juillet 2021 en baptisant une école en son nom, à quelques mètres de l’ancien établissement du Pont-Cardinal où il fut élève. Fort d’un siècle de vie, Michel Peyramaure a été un homme d’inspiration et d’initiation. Nous garderons de lui cette image et l’empreinte indélébile de son talent.« 

La Foire du livre de Brive, qu’il avait contribué à créer, lui doit beaucoup. Et rares sont les éditions qu’il avait manquées. Fidèle parmi les fidèles, indissociable de la Foire du livre, il nous avait déjà manqué pour fêter la 40e édition en 2022. Sa silhouette reconnaissable entre toutes et son esprit malicieux, nous manqueront plus encore lors de la prochaine et des suivantes.

L’équipe de la Foire du livre de Brive adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

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Alors que Michel Peyramaure fêtait ses 100 ans, nous étions allés le rencontrer dans sa maison du centre-ville. L’occasion d’un retour en arrière…

En 1954, Michel Peyramaure publie chez Robert Laffont son premier ouvrage Paradis entre quatre murs puis, l’année suivante, son premier roman historique Le Bal des ribauds. C’est un succès. Le premier d’une longue série.

Lors de la dernière Foire du livre de Brive, l’écrivain présentait ses derniers romans La vie passionnée et Inventaire avant fermeture, chez Calmann-Lévy et les haikus réunis dans le bel ouvrage Les méduses bleues avec les illustrations de Martine Peucker-Braun chez Maïade.
Un château rose en Corrèze avait également été réédité avec une préface inédite aux Presses de la Cité. Et l’inspiration est toujours là ! « J’ai toujours de la réserve ! De quoi survivre durant 20 ans! », nous avait-il confié.

Jusqu’à la fin de sa vie, tant que sa santé le lui aura permis, Michel Peyramaure aura continué à écrire, chaque jour, à heure fixe : « Une dizaine de pages par le passé. « Quatre ou cinq me suffisent aujourd’hui mais toujours d’un jet, sans retouche », depuis le bureau de sa maison briviste.

« Dans cette ville, j’y suis né et j’y mourrai. J’y reste par passion. C’est une ville qui me ressemble. Si Brive était une femme, je l’épouserais ! » Un silence s’était étiré. « Ils sont rares les écrivains qui ont réussi à publier à Paris tout en restant calfeutré dans leur cocon régional. C’est ma fierté ! ». Et celui de toute une ville.

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À cette occasion, Michel Peyramaure avait accepté de se prêter avec la malice qui le caractérise au questionnaire de Proust.

– Le principal trait de votre caractère
Le calme. J’ai horreur de la violence.

Ce que vous appréciez le plus chez vos amis
La fidélité

Votre principal défaut
Je n’en ai pas ! C’est un peu prétentieux non ?

Votre occupation préférée
L’écriture évidemment !

Votre rêve de bonheur
Je n’en ai plus. J’en ai eu enfant et j’écrivais de la poésie. Aujourd’hui, je rêve au présent.

Quel serait votre plus grand malheur
Avoir un accident de voiture qui me retienne à l’hôpital pendant des mois.

Le pays où vous désireriez vivre
À votre avis ? Le pays de Brive évidemment !

La couleur que vous préférez
Je n’ai pas de couleur préférée. J’aurais peut-être dit le bleu, blanc et rouge mais cela risquerait de faire trop patriotique!

La fleur que vous aimez
La violette

L’oiseau que vous préférez
Le moineau

Vos auteurs favoris en prose
Jean Giono

Vos poètes préférés
Victor Hugo bien sûr, il écrase tout le monde !

Vos héros et héroïnes dans la fiction
Vous avez une heure à me consacrer ?

Vos compositeurs préférés
Wagner. J’avais 12 ans quand j’ai écouté La Chevauchée des Walkyries. Cela m’a littéralement bouleversé.

Vos peintres favoris
Renoir

Vos héros et héroïnes dans la vie réelle
Il n’y a pas de héros dans la vie réelle. Vous en connaissez vous ?

Vos noms favoris
Je vais aller prendre mon dictionnaire !

Ce que vous détestez par-dessus tout 
Le mensonge

Le don de la nature que vous voudriez avoir
Parfois, j’ai l’impression que je les ai tous !

Comment aimeriez-vous mourir
Comme tout le monde, sans aucune inquiétude mais pour l’heure je vis voulez-vous !

Votre état d’esprit présent
Lucide

Votre devise
Vivre dignement, sans excès comme un sage, encore… 50 ans mettons, à peu près !