Éric Neuhoff
C’est un livre sur le monde des livres regardé à hauteur d’éditeurs qui parlent d’un temps que les moins de vingt ans…. Aux Épées, Claire et Pierre sont regardés, copiés, un peu moqués aussi peut-être pour leur côté retro. Ils sont réfractaires aux réseaux sociaux, au digital en général. Et comble de de l’étrangeté, ils s’aiment encore.
« Ils vieillissaient », c’est comme cela que commence le roman qui décrit un Paris qui ne se ressemble plus, « même les imperméables Burberry n’étaient plus ce qu’ils étaient ». La maison d’édition de Claire et Pierre est peu passée, surannée, mais est-elle dépassée ? Rien n’est moins sûr. La preuve, un grand groupe s’intéresse à eux.
L’écriture de Neuhoff est saccadée, les phrases sont très courtes, presque hachées, sèches, juxtaposées comme pour dire un monde à bout de souffle. Manque de liant, charme d’antan éteint. Le ton, lui, est acerbe, cruel parfois. On rit de ce monde de l’édition attablé en permanence, de la notoriété recherchée coûte que coûte, des manigances et faux-semblants qui entourent l’attribution des prix.
Justement, encore un mauvais Goncourt vient d’être décerné. « Ce jury n’était jamais décevant ». Et qui dit Goncourt dans le calendrier du livre, dit Foire du livre de Brive bien sûr ! Car, cerise sur le gâteau de ce roman drôle et cynique, une série de pages est consacrée à la manifestation briviste.
On suit l’écrivain Mathieu, ami de Claire et Pierre, depuis le train du livre jusqu’à son stand où il ne compte pas s’éterniser ! En passant par Castel Novel où il séjourne, le diner chez Francis, le karaoké à la Truffe et le pèlerinage au Cardinal. Sans oublier le passage par les étals du marché pour faire le stock de confits. Brive, en accéléré, et comme si on y était !
La rentrée littéraire, Eric Neuhoff, Albin Michel, 208 pages, 19,90 euros