Les rêveries de Christian Viguié dans la cité

En résidence d’écriture à Brive durant le mois de mars, Christian Viguié, prix Mallarmé 2021, s’est laissé aller à la rêverie ; et, de ces rêveries, ses écritures à venir en garderont la trace.

Après une période de travail intense et laborieux consacré à l’écriture d’un roman, Christian Viguié, instituteur à la retraite qui vit près de Limoges, a pu renouer à Brive avec… l’ennui ! Rien de négatif pour lui, bien au contraire ! Il a écouté aux terrasses des cafés, il a regardé, tout, jusqu’à ces violettes qui ont poussé ici et là entre le mur et le trottoir et que personne ne voit, il a noirci des carnets et rencontré beaucoup de gens aussi : boulangère, libraire, passants… « La semaine de mon arrivée, quelqu’un m’a reconnu dans la rue. On est allés prendre un café devant la Collégiale. » Ils ont parlé de tout et de rien, de poésie aussi. « Il avait lu Damages qui parle de la mort de mes parents. Ça l’a touché. » Paru aux éditions Rougerie, le poète a obtenu au moment de la sortie de ce recueil le grand prix de poésie de l’Académie Mallarmé venant récompenser l’ensemble d’une œuvre.

Au départ, il ne voulait pas écrire sur eux. Il trouvait cela obscène. « Mais quand j’écrivais, ça parlait de ça alors je me suis laissé faire. » Habituellement, on croise plutôt d’illustres inconnus dans ses écrits. Passionné d’histoire, Christian Viguié aime faire revivre ces petites gens qui ont fait l’histoire. Il cite le rôle des femmes dans la Révolution ou la Commune. « Elles trouvent leur place dans mes livres car ça vaut le coup de les croiser, de les saluer, de leur sourire. Le passé n’est pas passé. Je lis Villon comme un vieux copain et avec lui j’entends les bruits, je sens les odeurs, je vois les couleurs du XVe siècle. On ne s’inscrit pas que dans le temps immédiat. »

Le cheveu en bataille, le regard étonné, Christian Viguié est parti comme il est arrivé. Sans rien prévoir. « Toutes ces rêveries faites ici, je vais les retrouver quelque part, dans l’écriture. » Il ne sait pas encore où, il ne sait pas encore comment. « C’est bien de ne pas savoir. C’est le premier pas vers la connaissance. »

Dernier ouvrage paru : Ballade du vent et du roseau, éditions de la Table ronde, 2022.